Le premier jour du reste de notre vie
Demain, nous reprendrons toutes deux le chemin du bureau. Quand j'ai éteint mon ordinateur le soir du 29 janvier, je m'imaginais pas revenir travailler deux semaine plus tard et surtout revenir si "différente". Ce soir-là, en marchant vers ma station de tramway, un jour de grève, j'appelais ma mère qui me racontait qu'elle avait dû se retenir de dévaliser les boutiques de fringues pour bébé. Je me disais que finalement, on allait y arriver à la faire adhérer à la venue de ce petit être.
Je crois que nous appréhendons un peu ce retour mais il est nécessaire que l'on reprenne pied dans la réalité. Plus nous reculerons ce saut, plus dur il sera à accomplir. Les quelques jours de repos pris depuis jeudi nous ont fait le plus grand bien. Je disais à Mutine ce matin que j'avais trouvé l'image qui définissait ce qui vient de nous arriver : l'impression de se prendre un bus en pleine figure, un bus qui nous a foncé dessus à vive allure, sans que nous puissions nous réfugier ni sur le trottoir de droite ni sur le trottoir de gauche. Un accident dont nous ne sommes pas responsables puisque nous n'avons pas traversé en-dehors des clous. Poser des mots, même imagés, permet de mettre un peu de distance dans tout cela.
Durant ces quelques jours, nous avons pu dormir et récupérer un peu de ce sommeil qui nous a fait défaut pendant les premiers nuits de cette sale période. Aujourd'hui, nous avons profité du dernier jour des soldes pour faire de bonnes affaires et j'ai pu me rattraper de mon "jeûne" de magasins au début du mois de janvier : bronchite + nausées + perspective d'un bidon bien rond m'avaient clouée sur le canapé sans aucune envie de courir les magasins. Aujourd'hui donc, dans un centre commercial flambant neuf et dans lequel nous n'avions pas encore mis les pieds (la looooose, on habite juste à côté en plus...), nous nous sommes consolées en faisant chauffer la carte bleue et en allant déguster des sushis ici, puisque je peux à nouveau manger des aliments crus sans aucun risque. Ces petites escapades et ces petits détails culinaires contribuent à nous remettre sur le chemin de notre vie d'avant.
Demain, le réveil va sonner. Il fera encore nuit. Demain, je repartirai vers ma station de tramway, écouteurs dans les oreilles. Demain, Mutine va regagner son bureau. Nous échangerons certainement plusieurs courriels durant la journée, comme nous le faisons souvent. Pas de longs discours, des petits mots ici et là, s'assurer de sa présence, s'assurer que tout va bien, s'assurer que "au fait, t'as pris du pain ou je m'arrête à la boulang ?" Rien de bien extradinaire donc. Nous rentrerons sans doute fatiguée par notre journée. Demain soir, la vraie vie aura repris. Le premier jour du reste de notre vie.
Cactus