De la difficulté de devenir mère ...
Dans trois mois notre choupinette sera là et tout sera différent, plus simple et facile pour moi. En attendant, je suis une femme qui va devenir maman...mais pour qui ça ne se voit pas. C'est un détail dans les faits mais le regard social, les gens qui m'entourent, ceux du quotidien qui ne me connaissent pas plus que ça n'ont pas changé de vue et pourtant je suis une autre. Et j'aimerais commencer à la dévoiler, que les autres puissent la découvrir, cette autre...
Je ressens toutes les émotions de la grossesse, plus sensible, plus à fleur de peau, plus fragile aussi.
Je ressens énormément des sensations de la grossesse.
Je participe activement à la "confection" du trousseau de Moricette.
Je suis une maman...à n'en pas douter ... qui attend (et c'est vraiment le bon mot !!) son premier enfant...mais ça se voit pas.
J'avoue que ça me chiffone un peu. Autant, je n'envie pas le fait d'être enceinte, pas du tout. Mais quand on est enceinte finalement tout est plus simple, plus facile, plus clair. Suffit d'un coup d'oeil pour apercevoir le bidon arrondi et tout est dit.
Enlève le bidon arrondi et c'est finalement pas si simple d'être naturelle et de dire sa joie de devenir maman.
Je me dis, comment font les mamans qui adoptent, elles doivent se sentir mère bien avant l'arrivée d'un enfant, comme moi mais la société en fait ne va les considérer comme une maman que le jour ou elles tiendront leur bébé dans leurs bras ... parce que là ça se verra. Mais avant ... quand on attend un enfant, on est quoi ??
Et dans mon cas particulier, comment expliquer ça aux autres sans tout dévoiler de ma vie, de mon histoire.
Je ne vais pas expliquer à mon boucher, mes collègues de travail éloignés, la bibliothécaire du quartier ou le pharmacien que je suis allée avec ma chérie en Belgique pour bénéficier d'une IAD...et que dans quelques mois je serai maman.
Alors j'attends...et quand elle sera là, tout sera plus simple...enfin je crois.
Donc pour l'instant bein je ne dis pas ma joie, je la contient, je ne partage pas ce que d'autres pourraient partager de façon inopinée au détour d'un étal de marché, dans la salle d'attente d'un labo ou devant le rayon layette d'un magasin.
On ne me demande pas "c'est pour quand", "c'est une fille ou un garçon", on ne me félicite pas, on ne me souhaite pas bon courage, on ne me dit pas "c'est chouette", on ne me dit rien...puisqu'on ne sait rien.
J'ai l'air de m'en plaindre mais ce n'est pas tout à fait ça, je n'ai pas envie d'en faire une plainte, j'ai juste besoin de l'écrire pour m'en débarrasser pour arrêter de culpabiliser de ne pas laisser éclater ma joie.
Longtemps, j'ai cru que la joie était contenue du fait de notre parcours compliqué qui nous laissait sur nos gardes, mais je réalise aussi qu'une part de moi contient sa joie par "précaution" et par facilité aussi.
Parce que ne rien dire c'est plus simple que tout expliquer ... et que tout expliquer ça expose à des réactions auxquelles on est surement pas prêtes à faire face quand on est vulnérable comme on peut l'être pendant une grossesse, qu'on la vive de l'intérieur ou de l'extérieur.
J'anticipe sur les personnes bien intentionnées et pleines de tact qui me répondraient "ah mais tu le savais...maintenant faut l'assumer"...oui je le savais c'est vrai, pire je l'ai choisi, pire si c'est à refaire, on refera de la même façon.
C'est mon choix, c'est notre choix à toute les deux, et je crois qu'en l'état actuel des choses, je ne l'assume pas si mal que ça. J'avais juste besoin de mettre des mots sur un ressenti flou mais omniprésent.
C'est fait.
J'imagine bien que je ne suis pas la seule à avoir ressenti tout ça, et le savoir bizarrement me rassure, j'avais besoin d'en parler à quelqu'un, c'est vous que j'ai choisi.
Mutine