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Opération Cigogne
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23 juin 2007

Le Mamie Club

Après un petit mois de blog, l’heure est venue de vous présenter un peu la M&C’s family. A tout seigneur tout honneur, je commence ces présentations par le Mamie club. A nous 2, Mutine et moi avons 3 mamies : Mamie Coco (pour Mutine), Mamie Chacha et Mamie Lulu, 11 enfants et 230 ans à elles trois.

Quand j’ai annoncé à mes parents que je vivais avec Mutine, ils m’ont dit qu’ils s’en doutaient, étaient plutôt contents que je finisse par cracher le morceau mais m’ont aussi dit qu’il n’était pas nécessaire que le reste de la famille le sache, et que les seniors auraient certainement du mal à comprendre. Une douche un peu froide donc, mais à l’époque (c’était il y a 3 ans), nous n’avions pas réalisé l’importance de cette phrase, soulagée que j’étais d’avoir enfin franchi ce pas du coming out puisqu’il faut bien appeler un chat un chat.. Depuis quelques mois, cet embargo nous pesait de plus en plus et nous avons décidé de nous « afficher » un peu plus, en essayant de se mettre le Mamie Club dans la poche.

Mamie Coco est une mamie de la campagne qui fêtera ses 78 ans en septembre. Elle peut être très pipelette envers ses voisins et attache sans doute une certaine importance à ce qui disent les autres. N’empêche que depuis Pâques, je suis invitée à sa table, qu’elle me serre dans ses bras en m’étouffant à moitié et rempli mon assiette à peine celle-ci vidée, de peur que je ne meurs de faim alors qu’elle a le devoir de nourrir toute sa tablée. Ajoutons à ça qu’elle est catholique pratiquante (ce qui n’est pas, pour elle, incompatible avec les ragots débités dès la sortie de la messe !) et on réalise que les plus obtus et les plus conservateurs ne sont pas forcément ceux que l’on croit.

Mamie Chacha est une « stadt madame » comme on dit chez nous, une citadine, qui a vécu depuis 60 ans à Strasbourg et dans une ville très proche, et a toujours eu son indépendance, sillonnant la ville dans sa petite Fiat 500 affectueusement surnommée par ses enfants « le suppositoire à autobus ». Affichant 80 printemps depuis cette année, pas croyante pour un sou (ou alors elle le cache bien), gentille voire trop gentille, elle m’a longtemps asticoté avec ses questions du style « alors, les amours ? ». Jusqu’à ce que ces questions ne cessent, et là, je me suis dit qu’enfin, elle avait compris. Ce n’est que récemment que j’ai su qu’elle n’avait rien compris du tout. Quand j’en ai eu assez que l’info ne soit contrôlée que par mes parents, j’ai écrit une lettre à ma grand’mère. Je lui ai expliqué que je vivais avec Mutine, que j’étais bien comme ça, que je n’avais l’intention de faire du mal à personne mais simplement de vivre ma vie et que l’hypocrisie familiale commençait à être insupportable. Elle m’a ensuite téléphoné pour me dire qu’elle ne se doutait de rien mais que j’avais très bien fait de lui écrire, qu’il ne fallait pas attacher plus d’importance que ça à ce que pensent les autres mais vivre ma vie comme je l’entendais. J’en ai été à la fois étonnée et très heureuse. J’ai su par la suite qu’elle avait parlé de cette lettre à l’une de mes tantes (j’en ai 4) et je me suis dit qu’on tenait le bon bout, que l’info était dans le tuyau. L’avenir nous le dira.

La 3e mamie de ce club, Mamie Lulu, est aussi la plus jeune, 72 ans cette année. Elle aussi a vécu en ville et pas dans n’importe quelle ville puisqu’elle a passé près de 10 ans à Paris. Certes, cela se passait dans les années 50, à une époque où le Marais n’était certainement pas ce qu’il est aujourd’hui et quand bien même il l’aurait été, je pense qu’elle n’y aurait pas mis les pieds. Elle habitait dans le 12e, pas vraiment le même monde que ce quartier central que Mutine et moi adorons, et pas forcément pour son côté gay-land.

Mais Mamie Lulu a aussi passé 35 ans à la campagne, et ça, ça peut être désastreux pour l’ouverture d’esprit. Je dis bien que ça peut l’être et non que ça l’est systématiquement. Mon grand’père, son mari donc, a dit un jour que « ces gens-là » devraient se faire soigner. J’étais ado à l’époque, loin de me douter alors que je vivrais un jour avec une femme avec qui j’aurais envie de « fabriquer » un Mini-Nous, malgré tout ce que cela suppose dans notre cas, mais ça m’avait remué les tripes. Ma grand’mère avait été scandalisée quand elle a appris que la pilule du lendemain pourrait être délivrée par les infirmières scolaires. Et d’autant plus scandalisée que je puisse être favorable à cette mesure. D’elle aussi, j’avais pensé qu’elle avait enfin compris comment je vivais, Mutine m’accompagnant petit à petit dans les réunions familiales (uniquement celles organisées par mes parents toutefois….).

Il y a peu, le jour de la fête des mères, j’ai compris qu’il n’en était rien, quand, on lui montrant les photos des vacances que je venais de passer avec Mutine, elle m’a interrogée sur l’air de « alors, tu nous as ramené un beau Méditerranéen ? ». Est-il utile de préciser que Mutine, debout juste à côté d’elle, a peu goûté cette question qu’il faut bien qualifier de question à la con ?

Voici donc un aperçu de notre Mamie club, dont les membres ne sont bien sûr pas au courant de notre opération cigogne. Pour elles, lesbienne est certainement synonyme de stérile. Pour Mamie Coco, nous avons pensé à une explication choc, qui a déjà fait ses preuves dans le passé : l’Immaculée Conception ! Pour les deux autres, va falloir réfléchir encore un peu…

Cactus

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Commentaires
M
Coucou Bloguette, on pensait justement à vous ces derniers jours et à "l'annonce faite aux parents". respirez un bon coup et jettez-vous à l'eau, si vous le sentez ;-)
B
Quel portrait de famille ! L'essentiel est que la vérité est en marche, si je puis dire sans allusion aucune à une sinistre et heureusement défunte émission télévisée. Courage, vous tenez le bon bout ! Dire que nous on tremble comme au premier jour à l'idée d'avoir à annoncer ma 2è grossesse ...
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